L'AMIGx Suisse en ballade

En tant que Romand, qui ne connaît pas les renommés vins de Lavaux ? Qui n’a pas été épaté par ces somptueux paysages entre les vignobles en terrasse, le lac Léman et les Alpes ? Aujourd’hui, direction le canton de Vaud, où nos confrères Dominique Vinck et Michel Nicaise nous font découvrir cet extraordinaire terroir millénaire.

Depuis Chexbres village, en plein cœur de Lavaux, nous empruntons les sentiers en suivant la direction Rivaz. Après une petite descente en passant devant une dizaine des caves de vignerons, nous sommes enfin au milieu de vignobles de Lavaux. Ce terroir est classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2007. Dominique nous fait partager son enthousiasme pour « La fête des vignerons », inscrite quant à elle au Patrimoine immatériel de l’Unesco. Il a en effet le privilège d’étudier l’organisation de cette fête grandiose, qui a lieu tous les 25 ans et fait jouer 5400 acteurs-figurants. La prochaine édition se déroulera à Vevey de la mi-juillet à la mi-août 2019 www.fetedesvignerons.ch. Il y joue tour à tour le rôle d’observateur, de conseiller, voire de médiateur entre les différents responsables de l’organisation, dont les sensibilités parfois divergentes peuvent poser quelques problèmes.

Un petit sentier dans les vignes nous amène à Lavaux Vinorama, qui se situe juste à côté d’une magnifique cascade. Après une dégustation des différents crus (Saint-Saphorin, Calamin et Dezaley), nous nous dirigeons vers la salle de projection hi-tech pour découvrir film exceptionnel «L’Année vigneronne », de Charles-Georges Duvanel, distingué par 3 prix au Festival international sur la vigne et le vin. A la sortie de ce centre de découverte des vins et du vignoble de Lavaux, notre curiosité nous porte pour voir tout ceci in situ.

Nous empruntons le Chemin de grands crus ; le soleil est enfin sorti. Ici, des vignes sont à perte de vue. Par ce magnifique temps d’automne, certaines feuilles ont gardé leur couleur verte d’été, d’autres sont devenues jaunes, oranges, rouges, brunes. Ce paysage enchanteur est digne d’un chef d’œuvre de van Gogh ne laisse pas de place à la monotonie !

Ce système de vignobles en terrasse est une véritable architecture viticole. Il a été fondé par les moines cisterciens au XIIème siècle et couvre plus de 10 000 hectares. Il n’y a pas moins de 300 km du mur qui permettent de retenir la terre sur ses côteaux escarpés plongeant dans le lac Léman.

Tout au long de notre chemin, notre attention est attirée par les ingénieux systèmes de transport des vendanges adaptés au terrain escarpé et disséminés çà et là dans les parcelles : tantôt un téléphérique, tantôt un système à crémaillère. Même s’ils ne sont pas spécifiques au vignoble de Lavaux, le premier « chariot à moteur » (tracasset) du cru a été inventé et construit par Francis Bron, à Epesses, vers la fin des années 1940. Il s'agissait d'un châssis à 3 roues avec un guidon sur lequel était fixé un treuil de vigne.

Après avoir traversé le vignoble de Calamin, un chemin pentu nous emmène à Epesses où Blaise Duboux nous attend. 17ème génération d’une famille de vignerons avec 500 ans d’histoire, cet ingénieur œnologue et vigneron-encaveur a plein de choses à nous faire partager. Chez lui, les vignes, les cépages, les vins sont un véritable art.

Avant d’entamer la visite de son domaine, Blaise Duboux nous entretient sur sa philosophie de l’équilibre, en lien avec la technique de culture en biodynamie qu’il a choisie pour son domaine.

Cet ancien secrétaire de VITIPLUS, l’association vaudoise de la viticulture intégrée, s’engage avec enthousiasme et persévérance pour la terre, l’environnement, les consommateurs et le futur. Exploiter ses vignes en biodynamie (méthode de production encore plus contraignante que le bio) malgré une topographie très particulière, en terrasse et des parcelles morcelées, dont certaines sont entourées de parcelles conventionnelles, c’est osé. Notre confrère Dominique Vinck ne s’est pas trompé en choisissant cet artiste pour nous faire découvrir les charmes et les spécificités du vignoble de Lavaux !

Une autre particularité des vignes de Lavaux est son principal cépage, le chasselas. Comme les locaux se plaisent à le dire, ces jolies perles blondes bénéficient ici de 3 soleils : « celui d’en haut », « celui d’en bas » renvoyé par le lac et « celui de derrière » renvoyé par les murs, sources de chaleur ô combien bénéfiques !

En retournant chez lui, le panneau du « Sentier de la Béguine » a été l’objet d’une discussion inédite de la part de nos amis Belges, parce que « à Bruges, on parlerait de Béguinage ».

Notre hôte nous accueille dans son jardin pour nous faire découvrir ses vins. Sur ce magnifique balcon, une vue dégagée sur ces vignes qui s’étendent jusqu’au lac.

Nous sommes installés sous un majestueux cognassier pour la dégustation. Pour réveiller nos papilles, Blaise Duboux nous propose la Villette 2017, un chasselas d’Epesses. Sa robe est limpide et claire, le nez est sur des notes florales, belle attaque en bouche, et une légère amertume en finale, qui rappelle cette terre bien minéralisée.

Les discussions nous font voyager à travers le monde entier : la dégustation du thé en Chine, les souvenirs des années vécues au Liban par notre hôte, et tout ça, accompagné du bon vin du terroir, dans un décor à couper le souffle, et le parfum doux et délicat de ce cognassier…

La dégustation se poursuit avec un chasselas Grand Cru Calamin 2017. Je me remémore la phrase de ce vigneron artiste : « Le Calamin est posé sur un réservoir d’eau qui devrait lui empêcher tout stress hydrique, mais le robinet qui l’alimente est tout petit et le rationne ».

Notre dégustation prend fin au coucher de soleil, avec la grande fierté de Monsieur Duboux : un « Dezaley Grand cru 2017 », dont la robe dorée, le parfum floral de tilleul et une sensation de rondeur et de longueur en bouche nous ravissent.

La nuit commerce à tomber, la fraîcheur s’installe. Quoi de mieux que de se réchauffer avec un délicieux souper vin à l’auberge du Vigneron à Epesses avec des produits du terroir.

Cette belle journée s’achève et nous avons déjà hâte de nous retrouver au printemps prochain. Où ? Les idées vont bon train : qui de Lucerne, de Lugano, ou quelque endroit du Jura, ou autre lieu de ce beau pays remportera les suffrages ? Peu importe ; l’essentiel est de se retrouver pour partager ensemble de moments conviviaux entre générations de Gembloutois !

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